mercredi 9 novembre 2022

Des fiertés et de la bonne humeur...

 Depuis quelques semaines, je fais de la photo de rue le vendredi matin. Ça n'est pas une activité facile et j'ai l'impression qu'à Chambéry c'est plus dure qu'ailleurs. Les gens fuient l'objectif. Pas simple d'aller au devant des gens pour les photographier, même avec le sourire, beaucoup sont suspicieux, je pense que je ne suis pas assez confiante et ils le sentent. Mais j'y travaille et je persévère. Dans quel but ? j'aime photographier l'humain, j'aime capter l'humeur ambiante et si elle est bonne et intense, c'est encore mieux.

Faire des photos de type reportage, c'est quelque chose que j'adore faire et je vise les manifestations pour m'entraîner.

Il y a quelques semaines j'ai repéré cette affiche.

 
Ça m'avait l'air sympa alors j'ai embarqué Carlton avec son 50 mm et j'y suis allée. Mon idée était de faire les photos dans la manif. Honnêtement, je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi sérieux, ce n'était pas juste quelques jeunes qui défilent mais une véritable organisation avec des associations qui luttent au quotidien pour la cause LGBTQ+
 
J'ai appris que c'était la première pride qui avait lieu en Savoie à Chambéry.

Beaucoup de sourires, de rires et de joie dans cette manifestation mais aussi des témoignages que j'ai trouvé poignants, des jeunes qui racontent leur souffrance dans le quotidien et souffrir parce qu'on est soi-même, pour moi, c'est juste incompréhensible. Le petit plus qui m'a bien fait plaisir c'est que toutes les élocutions étaient traduits en langue des signes.



Beaucoup de jeunes étaient présents dans cette pride dont certains que je connaissais bien mais j'ai aussi croisé des gens de tous âges. j'ai vraiment eu le sentiments que c'était une fête de la victoire, pouvoir faire cette pride et déclarer "Voilà comment je suis moi !", Il n'y avait pas que de l'effervescence et de la joie, il y avait un grand soulagement, le bonheur de pouvoir être enfin soi-même. 
 
Être soi-même c'est quoi ? Cela semble si simple et si compliqué à la fois...  En participant, même de manière un peu détachée à cette pride (ce qui est souvent le cas quand je suis en configuration photographe) je n'arrêtais pas de penser que tous ces jeunes pouvaient être eux-mêmes le temps d'un après-midi qu'ils avaient dû attendre depuis des mois. J'imaginais le temps passé à se préparer, à faire leurs pan-cartes, décider des vêtements qu'ils allaient porter et s'ils allaient réellement les porter et à l'effervescence du matin de manifestation.
 
Mais je pensais aussi qu'une fois le bonheur de cet évènement retombé, Lundi matin, ils devraient retourner dans le monde où leur identité ne serait peut-être pas considérée/prise en compte/mise en attente par la société. Parce que c'est un combat au quotidien avec tellement de questions "Si mon entourage savait qui je suis vraiment, est-ce qu'il m'accepterait comme tel.le ?", "Comment puis-je faire accepter ce qui figure sur mon état civil n'est pas ce que je suis ? Pourquoi faut-il attendre pour que ce soit le cas ?"

Attendre d'être reconnu.e n'est-ce pas comme attendre de pouvoir reprendre son souffle ?

En recherchant un peu sur le sujet, j'ai vu pas mal de réflexions de la part de personnes qui manifestement ne savent pas ce que peut endurer un jeune en questionnement sur son identité, nommant cela comme une "mode", une "lubie"... Même si je suis toujours époustouflée par la capacité de certaines personnes à argumenter sur un sujet dont ils ne connaissent rien, je me dis aussi que la connerie n'a vraiment pas de limite mais c'est assez tranché, je le reconnais.

 

J'ai un peu tardé à rendre ce billet car c'est un sujet que je ne souhaitais pas bâcler. Si on me demande de faire un vœu pour l'humanité, il y a beaucoup de choses que j'aimerais dire mais je je pense que si nous pouvions tous nous accepter comme nous sommes sans jugement et sans doute, je pense que le reste coulerait de source.

Merci à tous pour cet après-midi de bonne humeur et de partage.

Pour que ça continue d'avancer, il est possible de s'informer à l'Association Contact.

Pour voir les photos dans leur intégralité, c'est par là.